Ce que dit la presse …

Disque « Alain Louvier : flûtes, espaces, promenade… »

Critique parue dans la revue Classica /octobre 2010 par Romaric Gergorin

Note de Classica : 4 étoiles (Excellent)

Féru d’ornithologie comme son professeur Messiaen, Alain Louvier s’intéresse aussi à de nombreuses disciplines, des mathématiques à la botanique. En témoigne « Herbier 7 » qui ouvre ce recueil d’œuvres pour flûtes par sept haltes nommant sept arbres servant à la leur fabrication. Ces paysages sonores rendus par le clavecin tenu par le compositeur et la flûter de François Veilhan ne sont pas sans évoquer l’exotisme du « Marteau sans maître » de Boulez. Intégrant quatre magnétophones, qu’est devenu ce bel œil ? s’inspire de la chanson éponyme de la Renaissance de Claude Le Jeune. « Neuf carrés » puise son modèle dans une figure géométrique plane traduite en sections donnant la part belle aux quarts de tons et aux sons multiphoniques. La contrainte mathématique apporte ici un surcroit de liberté prenant la forme d’un saisissant éventail poétique, de la clairvoyance à l’évanescence. Le théâtre musical pour flute et piano de « Promenade » s’empare progressivement de l’envoutante torpeur debussyste du « Prélude à l’après midi d’un Faune ». « Herbier 1 » pour deux flûtes achève cette escapade monographique en s’attachant à des plantes, transposées poétiquement dans une efflorescence musicale qui reconstitue leur formes par une finesse d’agencement, celle d’un compositeur célébrant l’univers végétal avec une transparence lumineuse.

Romaric Gergorin

Critique du CD Alain Louvier : flutes, espaces, promenade …

Source : Le Monde du 06/09/2019 page culture

La musique d’Alain Louvier (né en 1945) est pleine d’esprit, à l’image de son auteur, érudit, inventif et diaboliquement efficace dans le développement sonore d’une idée. Le tempérament malicieux du compositeur transparaît dès le sous-titre de ce disque consacré à ses « Œuvres pour flûte(s) non encore enregistrées ». Certaines remontent aux années 1970. A l’exception d’une Promenade, aux gestes de théâtre musical un peu datés, ces partitions témoignent moins des recherches de l’époque que de la capacité de séduction du musicien. De la force hypnotique de Qu’est devenu ce bel œil ? (pour flûte et bande, 1976) au rayonnement implacable de Neuf carrés (pour quatre flûtes, 1972). Plus récent (2004-2018), le cycle Herbier (pour divers effectifs) se renouvelle avec une vitalité d’un rare raffinement.
Pierre Gervasoni

Flûtes, botanique et mathématiques avec Alain Louvier

Article du 14 juillet 2019 par Michèle Tosi paru dans ResMusica

Cet album monographique, consacré à la musique pour flûtes d’Alain Louvier, réunit cinq pièces qui n’ont encore jamais fait l’objet d’un enregistrement. Aux côtés des flûtes de François Veilhan et son ensemble Campsis, le clavecin et le piano sont tenus par le compositeur en personne.
Compositeur, chef d’orchestre, pédagogue et directeur honoraire de plusieurs institutions musicales, Alain Louvier est également botaniste, capable, nous dit-il, d’identifier chaque plante qui s’offre à sa vue lors de ses promenades. On ne s’étonnera donc pas de retrouver l’univers des végétaux au cœur de son inspiration de musicien : ainsi sept Herbiers ont-ils vu le jour de 2004 à 2018, écrits pour un dispositif instrumental chaque fois renouvelé. Les Herbiers 1 (pour deux flûtes) et 7(pour flûte et clavecin) ont en commun le fait qu’ils forment un cycle. Herbier 7 (2018), la pièce la plus récente de l’album, débute l’enregistrement quand Herbier 1 le referme. C’est le choix de la plante et son aspect plastique qui génèrent l’écriture de ce dernier, avec, comme seule contrainte, la volonté de débuter chaque pièce du cycle sur la même note ré. L’invention et l’humour sont à l’œuvre dans ces miniatures renouvelant d’autant l’intérêt de l’écoute : profil élégant et lignes ployantes des deux flûtes (François Veilhan et Élise Patou) dans Cytise, rythme libre pour la Dame d’onze heures (Ornithogale), souffle et slaps étranges dans Onagre. Aussi court que rafraichissant, Perce-neige convoque deux piccolos alertes tandis qu’un mode en quarts de ton colore subtilement les lignes d’Onagre. L’intérêt d’Alain Louvier pour la microphonie (son « Clavier non tempéré » en témoigne aisément) se manifeste avec plus d’envergure encore dans Herbier 7 où le clavecin est soumis à une scordatura : sept touches du clavier supérieur ont été baissées d’un quart de ton. Comme son maître Messiaen le fait avec les oiseaux, Louvier décrit avec le même attachement sentimental les plantes (Sycomore, Roseau, Ébène du Mozambique, Bambou, etc.) qu’il a voulu traduire musicalement. Chaque commentaire est accompagné, dans la notice du CD, d’une photo en couleur. Après Sycomore où flûte et clavecin sont chevillés au corps, Roseau nous fixe dans l’oreille les intervalles de « grande tierce » ou encore de « quarte majeure » joués par les instruments. C’est le jeu luthé du clavecin qui est requis dans le début de Bambou faisant résonner ses harmonies étranges. Poirier est une véritable « pièce de clavecin en concert » comme l’entendait Rameau, l’instrument faisant valoir toute l’étendue de ses sonorités. Même élan virtuose dans Genevrier avec le piccolo. La glissade facétieuse in fine provient du clavecin, via un mode de jeu breveté par Alain Louvier.
Qu’est devenu ce bel œil? est une pièce mixte pour flûte et bande (1976). La partie électroacoustique est réalisée avec les moyens analogiques de l’époque, à savoir quatre magnétophones Revox diffusant huit pistes préenregistrées par le compositeur : sons instrumentaux (dont un piano en quarts de ton) et bruits de nature confèrent un environnement très poétique à la flûte de François Veilhan qui cite et paraphrase la célèbre chanson de Claude Le Jeune et son curieux profil chromatique.
Promenade pour flûte en sol et piano relève du théâtral musical dont le présent enregistrement ne peut restituer toute l’envergure scénique. Imaginons donc un flûtiste (François Veilhan toujours) déambulant sur la scène et autour du piano en donnant parfois de la voix. Au piano et à ses accessoires (baguettes diverses, sifflet, balles de ping-pong, etc.), le compositeur exécute, quant à lui, trois de ses Préludes pour les cordes de l’instrument. Dans ce contexte sonore semi-aléatoire, la performance finement conduite réserve à l’auditeur plus d’une surprise.
Alain Louvier a vint-neuf ans lorsqu’il écrit Neuf Carrés, à la demande de Pierre-Yves Artaud. L’œuvre hautement spéculative (tout est minutieusement expliqué dans la pochette du CD) est conçue pour quatre flûtistes jouant de toutes les flûtes (du piccolo à la flûte basse) et dix diapositives. Le projet mêle en effet géométrie plane et musique, graphismes et données mathématiques à l’appui. Louvier souhaite que les « figures-mères » qu’il a lui-même élaborées soient projetées durant l’exécution. La contrainte est souvent le meilleur des stimulants pour s’aventurer hors des sentiers battus. Aussi, l’imaginaire sonore est-il sollicité et tous les ressorts de l’écriture à quatre flûtes, microtonalité comprise, dans cette traduction musicale rigoureuse ouvrant un espace acoustique insoupçonné. Il est restitué avec un engagement de tous les instants et une énergie communicative par les membres du quatuor Campsis, servis par un enregistrement d’une qualité optimale.

FLÛTES AU PLURIEL AVEC DOMINIQUE LEMAÎTRE

site Resmusica Le 4 mars 2015

par

Michèle Tosi

Critique à propos du CD Pulsars
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PiedNu

Dominique Lemaître (né en 1953) : « Pulsars ». Ombra della sera, trio pour piccolo, flûte et flûte alto ; De la nuit 2 pour flûte alto et piano ; Pulsars pour deux flûtes ; Echos des cinq éléments pour piano ; Still pour flûte alto seule ; Miroirs de l’attente pour quatuor de flûtes ; Côté jardin pour flûte seule ; Cantus pour flûte et percussion. Ensemble Campsis : Myriam Chiapparin et Elise Patou, flûte ; Barbara Fritz, flûte et piccolo ; Brigitte Trannoy-Petitgirard, piano ; Bernard Heulin, percussion ; François Veilhan, flûte, flûte alto et direction. Collection PiedNu PNO214. Enregistré à l’Auditorium du Conservatoire Guy Dinoird de Fontenay-sous-Bois en juillet 2013. Notice en français. 79’44.

Appelant des résonances cosmiques, Pulsars est le septième CD monographique du compositeur Dominique Lemaitre. L’album scelle une collaboration active autant que fructueuse menée avec le flûtiste émérite François Veilhanet son ensemble Campsis.

C’est la flûte donc, déclinée dans tous ses registres et sa gamme d’expression, qui est à l’honneur dans sept des huit titres de ce nouveau disque balayant quelques vingt années de composition. Instrument immémorial du souffle originel, de l’incantation et du mystère (Still pour flûte alto), la flûte chez Dominique Lemaître est aussi source d’énergie en phase avec l’activité du cosmos. A l’instar de Gérard Grisey captant les signaux des astres dans Le noir de l’étoile, Dominique Lemaître convoque deux flûtes jumelles dans Pulsars pour exprimer l’irradiance des sonorités et la fulgurance des trajectoires. Dans Ombra della sera, nom d’une petite statuette étrusque en bronze qui exerce son pouvoir d’attraction sur le compositeur, les « mixtures » des trois timbres colorés de souffle (piccolo, flûte et flûte alto) évoquent parfois les jeux d’anche de l’orgue. Des associations que l’on retrouve dans Miroirs de l’attente pour quatuors de flûtes – merveilleux ensemble Campsis – où les instruments font miroiter les couleurs sous des éclairages sans cesse renouvelés.

Si l’on sent ce qu’il doit à la génération des spectraux dans sa quête des espaces sonores et du champ de la résonance, Dominique Lemaître aime instaurer des climats méditatifs dans un temps très étiré qui maintient l’écoute comme suspendue à la destinée de la trajectoire sonore. Dans De la nuit 2, le piano est la chambre d’écho où s’immerge progressivement la flûte alto dans une atmosphère très sombre et onirique. Dans Côté jardin (à la Villa d’Este), c’est au contraire l’instrument solaire et incantatoire qui prévaut – celui de François Veihlan multipliant les performances solistes dans cet album – et un travail subtil sur l’irisation des sonorités de la flûte. On respire même un certain parfum d’orient dans Cantus, associant la flûte à une riche palette de percussions (mates et résonnantes) offrant des contrastes saisissants de dynamiques et de colorations timbriques. Seule pièce qui ne sollicite pas la flûte et axe médian de cet enregistrement, Échos des cinq éléments pour piano solo est une référence directe à la pensée chinoise. Sous les doigts de Brigitte Trannoy-Petitgirard, la pièce explore les potentialités spatiales et résonnantes du piano selon divers processus renouvelant d’autant l’écriture et les trajectoires sonores.

Source :

http://www.resmusica.com/2015/03/04/flutes-au-pluriel-avec-dominique-lemaitre/
concert lecture du 25 mai 2013

« Mémoire des mines du Nord de la france »

Médiathèque Margueritte Audoux Paris 3°

Festival Nomades.

publication sur la page Facebook de la mediathèque Margueritte Audoux :

« RETOUR SUR LES 5E JOURNEES NOMADES à LA BIBLIOTHEQUE

Lecture Concert: FASCINANT »

« Mémoires des mines du nord de la France. » Nouvelles inédites de Maurice Andrieux par le comédien Jean-Claude Mézières et l’ensemble de flûtes Campsis (Myriam Chiapparin, Barbara Fritz, Elise Patou et le concepteur François Veilhan).

Concert du Quatuor CAMPSIS

(Nice le 17-04-2012),

article publié sur le site « Ars Antonina »

L’Association « ARS ANTONINA » vient de nous offrir un concert original et d’une qualité exceptionnelle.

Original, en effet, puisque, en ce mardi 17 Avril 2012, en L’Eglise Anglicane de Nice, rien moins que trois œuvres contemporaines nous étaient offertes, dont une en création mondiale.

D’autre part, la formation choisie : L’Ensemble parisien de flûtes : «CAMPSIS» étant à géométrie variable, les œuvres pour deux, trois, quatre flûtes se succédaient en une harmonieuse variété mélangeant les styles et les époques.

Ainsi au « Quatuor de flûtes » op. 19 d’Anton REICHA (1770-1836), d’une belle cohérence, succédait la « Sonate en si mineur » pour trois flûtes sans basse op.7 de BODIN DE BOISMORTIER (1689-1775), grand compositeur méconnu du dix-septième siècle : petit chef d’œuvre.

Puis venait une partition riche, colorée, originale d’Alain LOUVIER (né en 1945) : «Herbier1» pour deux flûtes (2004) où les effets de modes de jeu (notamment en quarts de ton) étaient parfaitement intégrés au discours musical lyrique.

Après l’entracte, François VEILHAN, âme et fondateur du Quatuor « CAMPSIS », nous faisait découvrir une pièce pour flûte seule, joliment mélodique, d’Ivan DÉGARDIN.

La transcription du « Trio op.87 pour deux hautbois et cor anglais » de BEETHOVEN était particulièrement réussie. Quant à la création mondiale de « For Four » pour quatre flûtes d’Alain FOURCHOTTE, elle obtint un franc succès dû à l’expressivité du discours , bien mise en relief par le talent des quatre flûtistes qu’il faut citer : Barbara FRITZ, Elise PATOU, Myriam CHIAPPARIN, François VEILHAN.

Enfin, après le sublime « Adagio » K.V.411 de MOZART pour trois flûtes, les quatre virtuoses nous offraient une brillante transcription pour quatre flûtes de L’ « Ouverture » des «Noces de Figaro» : fin endiablée et couronnant d’un succès total ce beau concert.
J. Anton

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